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Bienvenue sur ce site où vous trouverez toutes les informations sur les stages qui présentent la préparation à la naissance et l'accompagnement tels que cela se faisait à la clinique Montaigne de Châteauroux, avec le Dr. Max Ploquin et son équipe, où la maman, le papa certes, mais aussi parfois d'autres membres de la famille participaient aussi à la naissance et s'y préparaient.

Livret Préparation

 

Max Ploquin distibuait ce livret lors de ses ateliers. Vous pouvez à présent en prendre connaissance en cliquant sur les liens ci-dessous ou l'imprimer.

 

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Association Quelle naissance ?
Les rencontres de Châteauroux
185, Boulevard de Cluis
36000 Châteauroux
dr.max.ploquin@wanadoo.fr
3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 23:13
Comment accoucher sereinement ?
NAISSANCE ET PREPARATION A LA NAISSANCE
Jusque-là il semblait normal que les femmes souffrent en mettant leur enfant au monde !
 
NAISSANCE DE L’A.S.D (accouchement sans douleur ou Psychoprophylaxie Obstétricale)…
 
Lorsqu’en 1952, « l’A.S.D », est né à la Maternité de la polyclinique Pierre Rouquez rue des Bluets à PARIS, que dirigeait le docteur F. Lamaze, un « espoir fou » est apparu pour les mamans : elles allaient pouvoir « contrôler » leur accouchement et faire naître leur bébé sans douleur, par leur propre moyen, sans intervention médicamenteuse, sans anesthésie ! Les travaux des néo-Pavloviens ouvraient la possibilité d’attribuer la Douleur liée, à la Contraction utérine... à un puissant Conditionnement Socioculturel !
 
Il est à noter que cette notion*s’est enrichie de l’hypothèse selon laquelle ce conditionnement se serait établi sur une vaste et permanente tentative de Culpabilisation Féminine provenant de lointaines étiologies historiques , voire préhistoriques (*le meurtre du père, chef de la tribu, celui des frères entre eux, pour la possession des femmes - ce dont les femmes ont été accusées d’être les instigatrices - qui se seraient déroulés jusqu’à ce que se soit installé le 1er matriarcat el la « société totémique » ayant entraîné une sorte de morale sociale, interdisant l’accouplement de celles et ceux qui portent le même totem, condamnant ainsi l’inceste exogamique, et par là même les massacres des pères et des frères, et permettant alors la croissance des sociétés…) Cette culpabilisation, qui s’est étendue pendant toute l’histoire des hommes sur la terre, continue encore actuellement, sous différentes formes, d’accabler les femmes de notre société : les vieux réflexes ont la vie dure !
 
(*travail sur les « causes ancestrales des douleurs de l’accouchement » que nous avons présenté au congrès d’Avignon de la PPO les 4 et 5 juin 1971, et devant la Société d’Histoire de la Naissance en 2007)
 
LA DEMYSTIFICATION de l’interprétation de la fameuse phrase « tu enfanteras dans la douleur » fut faite par PIE XII lui-même le 21 janvier 1961. En fait cette phrase, qui s’est révélée si dangereuse pour les mères, ne faisait qu’allusion à la prophétie qui avait auguré qu’un fils d’esclave causerait de graves ennuis à l’Égypte et à Pharaon (peut-être Aménophis III, père d’Akhnaton, créateur des religions monothéistes). Ce pharaon avait ordonné que tous les fils d’esclaves, nouveau-nés, soient tués dès la naissance ! La phrase dont la teneur primitive serait « tu enfanteras - de fils - dans la douleur », n’aurait fait que commenter les souffrances que cette condamnation des enfants mâles aurait provoqué chez les mères... Mais combien de « douleurs suggestives », de peurs fantasmatiques et d’impacts psychosomatiques nocifs, cette malheureuse interprétation et prétendue Malédiction a t’elle provoqués chez les mères du monde entier, depuis des siècles…
 
C’EST POURQUOI l’A.S.D constitua un SOULAGEMENT pour les femmes et un réel PROGRES, avec un début difficile, se déroulant sur fond de bataille militante confuse ! C’est à L’ASD que l’on doit, entre autres :
 
- La pleine participation des pères à la préparation et à la naissance.
- Une reconnaissance de la possibilité pour les femmes d’assumer elles-mêmes leur accouchement (enfin admis en tant qu’acte physiologique), ce qui leur était « dénié » jusque-là !
- Une certaine Autonomie des mères.
 
Enfin la rupture avec la Terrible Malédiction, pouvait leur ouvrir de nouveaux horizons de pouvoirs et de droits, dans leur vie familiale, culturelle, mais aussi sociale et civique ! Les mamans accouchaient la plupart du temps vraiment sans douleur, à condition que la préparation soit sérieuse et que l’accompagnement global soit bien adapté.

LA PREPARATION DE L’ASD. Cette préparation psycho physique est simple elle consiste en :
 
a) Une clarification de ce que sont les réflexes conditionnels de la société et de son langage vis-à-vis de l’accouchement (par exemple : les 3 ou 4 jours à souffrir, les 5 cordons autour du cou, les hémorragies etc., racontars à l’origine de tellement de stress chez la femme)
b) La confirmation argumentée du potentiel anatomophysiologique de la mère de pouvoir accoucher par ses propres moyens (très important pour qu’elle retrouve confiance en elle)
c) Et un jeu de réponses adaptées aux contractions utérines, car on ne peut pas rester là, les bras ballants, « en attendant Godeau » pendant l’accouchement !
 
Ces réponses aux contractions utérines ont pour but d’augmenter : la concentration cérébrale, le tonus cérébral et l’élévation du seuil de sensibilité de la mère ; elles sont simples et naturelles :
1) des réponses respiratoires adaptées aux différentes phases de l’accouchement : respirations profondes, respirations dites soufflantes, respirations accélérées et superficielles, respirations accélérées et comptées.
2) une « éducation neuromusculaire » ou relaxation active et volontaire, qui de plus, aménage des économies d’énergie et d’oxygène au bénéfice de Mr BEBE, et des muscles et organes participant à la naissance (bébé rose sera encore plus rose, disait-on)
 
Ainsi : Motivation, Activation, Concentration, et Sublimation en sont les principaux éléments.
 
Il faut prendre toute la mesure de ce que tout cela pouvait représenter à l’époque pour les femmes d’accoucher ainsi, à leur manière, avec leurs propres moyens… mais aussi pour les sages-femmes et les médecins qui les accompagnaient ! Il faut se rappeler que ce ne fut pas facile ; nous fumes fréquemment incompris et même certains d’entre nous (Lamaze et Vellay les premiers) furent poursuivis de manière injuste devant le conseil de l’ordre, mais le progrès finit par s’imposer. Dans ce combat humaniste, le rôle des USAGERS a été fondamental !

L’EVOLUTION DE L’A.S.D : une phase primordiale de cette évolution et d’un progrès notable fut le passage à « la prise de parole des mères, et à leur écoute ». Cette méthode fut améliorée alors dans le fond et dans la forme par les données de la psychopédagogie moderne. (Dans ce domaine l’apport des travaux de psychanalystes comme Bernard THIS analyste Parisien, par exemple fut très important).

Les cours devinrent des entretiens… plus libres - enseignement selon les modes, non directifs, semi directifs, Rodgériens etc. plus ouverts, plus à l’écoute des autres ! - d’autant que tout ce qu’a vécu la maman depuis sa naissance se localise dans son inconscient et peut s’en « échapper » pendant la grossesse avec d’inhabituels comportements : « Je ne sais pas ce qui m’arrive, dit une femme enceinte, j’oublie tout… J’oublie mes rendez-vous avec mon coiffeur, avec ma sage-femme, je me trompe d’horaires et je « loupe » mon bus ». Une autre se plaint de tout laisser « tomber » de ses mains ; je laisse tomber ma fourchette et mes couverts, sans raison, je fais des rêves étonnants, des cauchemars, etc. ».

L’écoute attentive des mères fut alors largement conseillée. Il est vrai que si l’on prend le temps d’écouter parler les femmes enceintes, on peut, sans interpréter, grâce à cette régression physiologique normale de la grossesse, les laisser ainsi « revenir » vers leur passé, jusqu’à leur propre naissance, et leur permettre alors de se débarrasser, d’éléments nocifs (racontars), douloureux, vécus ou fantasmés, très encombrants, gênants pour leur accouchement.
L’A.S.D sortait alors du domaine du strict « Conditionnement socio culturel » pour accepter une explication plus large de la genèse de la douleur de l’accouchement… Les mamans, dans un travail global d’une autre dimension, accouchèrent mieux encore !
 
FREDERIC LEBOYER et la « Naissance sans violence ». Parallèlement aux recherches intéressantes du Rebirthing, ont fait surface les travaux de LEBOYER avec tout ce que signifie « La Naissance Sans Violence »,le rôle de l’eau, la Naissance dans l’eau, le « Bain d’Amour » de bébé après sa naissance, qui mirent encore d’avantage l’accent sur ce que représente l’enfant, sa valorisation mais aussi la dimension des Liens psychoaffectifs et des Émotions, que ce « Monsieur BEBE, qui devient UNE PERSONNE » peut provoquer ! Dans le sillage de Leboyer, on trouve Michel Odent de Pithiviers, notre Équipe « Montaigne » de Châteauroux qui approuva son orientation vers le respect de l’enfant, (travail pourtant discuté en milieux universitaire), les amis des Lilas et d’autres qui, comme Daniel Lipzcig, ou Jean Marie Cheynier, ont œuvré pour que la « naissance soit une Fête » !
 
L’HAPTONOMIE créée par FRANS VELDMAN. Mais ce sont surtout les travaux de Frans Veldman, médecin Hollandais (domicilié à Oms, Mas Del Ore, dans les Pyrénées Orientales) qui ont fait naître un formidable espoir. Sur les conseils de Bernard This, je suis allé me former pendant des années à Oms, et toute l’équipe « Montaigne » de Châteauroux a suivi ! C’est là que nous avons rencontré Catherine Dolto, André Soler de Clermont-Ferrand, Jean Claude Sécheresse, Juliette Planckaert d’Orléans, etc. et j’ai alors découvert ce qui manquait à l’ASD : TOUT L’ASPECT AFFECTIF et les moyens de parvenir à cet important échange tactile affectif profond entre bébé, sa mère et son père !
 
Mais on ne peut parler convenablement de l’haptonomie, définie comme la science de l’affectivité, (et du toucher affectif) : il faut le sentir soi-même ! C’est un peu comme parler d’une initiation sans avoir été soi-même initié ! L’Hapto, qui n’est pas une technique, mais une « manière d’être », qui ne privilégie ni le « faire », ni « l’effectif » mais l’affectif, le « laisser venir ». Je peux vous affirmer que j’ai ressenti quelque chose d’extraordinaire, qui ne peut se transmettre qu’en amenant l’autre à sentir lui même ! Et grâce à la formation en Haptonomie (en Obstétrique et pédiatrie), de l’équipe de Montaigne, (des sages-femmes aux aides-soignantes) les naissances, ont été, sur le plan psychoaffectif et de l’indolorisation nettement « améliorées », de même que nos « résultats » (3% de péridurales, et de césariennes avec, en regard, un des taux les plus bas d’Europe de mortalité et morbidité périnatales, … mais aussi des sourires des mamans, des rires même pendant la naissance ! – il suffit de visionner nos films qui sont passés pendant un an en boucle au musée de l’homme, pour en être convaincu)
 
« JE TE CONNAISSAIS DEJA AVANT DE T’AVOIR VU » dit Frans Veldman. L’une des choses qui m’ont touché (et encore maintenant) c’est la joie de la maman ressentant son bébé extrêmement tôt (parfois vers 2 mois et demi de grossesse) ! Au fur et à mesure que son système nerveux et ses organes des sens se développent, les parents aiguisent les nuances de leur façon de répondre à leur enfant, à ses appels, ses stimulations, à travers le giron de la maman ; et vice versa, le bébé à son tour répond à sa mère, à son père ! Les parents peuvent « appeler » de la main leur enfant d’un côté ou de l’autre du giron, « jouer » avec lui, lui parler, chanter pour lui etc. Dans cette relation affective intense, par l’intermédiaire d’un « toucher affectif respectueux » bébé développe toutes ses dimensions : organiques, psychoaffectives, psychosensorielles, sensuelles émotionnelles et intellectuelles, dans un bain de Stimulations multiples et de connaissance réciproque.
 
L’ENFANT CONNAÎT SON CHEMIN et participe pleinement à sa propre naissance ! Remettons les pendules à l’heure : ce n’est ni le médecin ni la sage-femme qui accouche, et pas uniquement la mère. C’est l’enfant qui naît, qui « se fait naître », en suivant le chemin qu’il connaît instinctuellement ! On comprend alors : qu’il peut être guidé affectivement de la MAIN par sa mère et son père ; qu’il ne doit pas être gêné lors de son trajet de naissance par l’intrusion de lourdes technologies et médicalisations. Il importe donc d’éviter (sauf nécessité absolue) :
 
 - la mise en place, par exemple, de perfusions d’ocytociques artificiels (qui d’ailleurs bloquent la sécrétion de l’ocytocine naturelle indispensable à de multiples phases de la naissance et de l’allaitement !)
 - les fâcheuses versions par manœuvres externes du bébé « en siège » (il ne peut plus reconnaître son chemin)
 - et toute intrusion qui pourrait troubler le cours de la physiologie de la naissance, et créer un obstacle à l’action propre de la descente, et des rotations de l’enfant !
 
Alors vont se succéder : les rencontres avec bébé par le « toucher affectif », les berceuses, le « recentrage du bassin » et celui de bébé dans le giron maternel, (qui de plus corrige certaines cambrures exagérées du bassin maternel), les « ouvertures » sur les genoux du papa etc. jusqu’au moment où bébé va naître.
 
Bébé : futur « Marche Debout ». QUEL FABULEUX DESTIN pour ce bébé, accueilli dès sa naissance, la main de son papa placée sous sa base, (en fait sous le bassin, jonction entre la colonne vertébrale et les membres inférieurs) lui offrant une « sécurité de base», assurant le 1er croisement du regard avec sa mère, qui le reçoit sur son sein. Cet enfant, dès qu’il est né, reçoit la confirmation affective existentielle selon laquelle il est le « bien venu », le « bien né », attendu et aimé depuis longtemps par sa mère, et son père, et qu’il a l’assurance que ce nouveau monde ne lui est pas hostile, qu’il n’a pas à le craindre ni à s’en protéger ! Il est bien le petit fils lointain de CRAO et de RAHAN, un « MARCHE DEBOUT » dont il faudra toujours respecter la « sécurité de base », quand on le porte, comme l’a fait la main paternelle dès la naissance, (jusqu’à ce que le développement complet de ses fibres à myéline lui permettent de marcher) qui lui a permis de redresser sa colonne vertébrale, de relever sa tête, d’écarter les bras, de les ouvrir au monde, allant déjà à la découverte des autres. C’est ainsi qu’il prépare son Autonomie !

QUEL AVENIR POUR LA NAISSANCE ? L’obstétrique actuelle vit un schéma général très éloigné souvent de ce que souhaiteraient de nombreuses mamans ; je regrette simplement qu’elles n’aient pas la liberté de faire un autre choix : c’est vraiment dommage ! Dommage, par exemple, qu’elles soient le plus souvent obligées d’accoucher allongées sur le dos selon le modèle que le Dr Mauriceau avait introduit vers 1700, inadapté au déroulement physiologique de l’accouchement, alors que - et Moyses Paciornik, gynécologue brésilien l’a parfaitement démontré -, la position accroupie, parce que nous sommes des humains, des bipèdes soumis à la pesanteur, est la position la plus naturelle pour accoucher. Elle permet de bien meilleures « ouvertures du bassin, du giron, et du périnée », protégeant, de plus, ce dernier. Il constate dans son livre « Accoucher Accroupi » que : « Les médecins ont fini par trouver naturel de compliquer ainsi l’acte naturel et physiologique de la naissance » !
 
MES SOUHAITS : Que se développent en France des lieux d’accouchement physiologique, où les femmes enceintes puissent échapper au modèle actuel de l’Obstétrique fait de déclenchements, de péridurales systématiques, avec leur cortège d’atonies utérines, forceps, césariennes et autres réanimations, et qui laisse supposer que les mères ne peuvent accoucher naturellement, à leur manière et avec leurs propres moyens !

Que s’ouvrent de vraies Maisons de Naissance, à distance des maternités ! Que les sages-femmes puissent accompagner les mamans, dans les « pôles physiologiques » et les « plateaux techniques » des maternités. Mais aussi que les mères puissent accoucher à domicile (AAD), lieu où elles peuvent le mieux retrouver les réflexes instinctuels, (si besoin avec le bain), le puissant réflexe primal d’envie de pousser et de mettre son bébé au monde, (l’AAD n’est pas plus dangereux que l’accouchement à l’hôpital !)

Qu’enfin soit reconnue l’importance d’un saine Hygiène alimentaire, pendant la grossesse et bien avant ! (dans ce domaine fondamental, les obstétriciens auraient beaucoup à apprendre des naturopathes).
 
C’est aussi pour cela qu’il serait souhaitable que les femmes enceintes puissent avoir accès à des Préparations à la Naissance efficaces. Nous, nous avons privilégié l’Haptonomie (son association au chant prénatal est intéressante), et en cas de grosses difficultés nous conseillons le recours à l’ASD et au « derviche balanceur » (moyens de retrouver ses réflexes instinctuels). Mais nombreuses sont les formules, que nous ne pouvons toutes citer ici : Rebirth, Yoga, Hypno analgésie, Sophrologie, Préparation aquatique, Chant prénatal, ASD, Haptonomie etc.). Les femmes enceintes devraient pouvoir choisir, c’est cela qui est important, la préparation à la naissance qu’elles ressentent comme susceptible de les rendre vraiment autonomes.
 
C’est ce que nous avons entrepris à Châteauroux avec l’association « Quelle Naissance ? Les Rencontres de Châteauroux » lors de Stages présentant le travail de l’Équipe Montaigne.

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Published by Max Ploquin - dans Articles & Interviews
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24 mai 2006 3 24 /05 /mai /2006 09:30

Nous avons eu la chance de pouvoir demander à ce pionnier de l’accouchement sans douleur son point de vue. Pour lui, les mères veulent accoucher comme elles le « sentent », en relation affective maximum avec leur enfant.
 
Actuellement, les mères n’ont plus le choix de faire naître leur enfant comme elles le souhaitent. En effet, les « protocoles » les obligent à accepter toute une technologie envahissante : perfusion médicamenteuse, déclenchement entraînant automatiquement une péridurale, et parfois atonie utérine, forceps, césarienne, hémorragies de la mère et réanimation de l’enfant… C’est là le « cri d’alarme » du Dr Max Ploquin.
 
- Vous êtes connu des professionnels de la naissance mais moins du grand public. Vous avez créé la Clinique Montaigne dans laquelle vous avez développé d’abord l’accouchement sans douleur, puis l’haptonomie, avec les résultats que l’on connaît : moins de 3 % de césariennes et de péridurales. Par votre intermédiaire, environ 37 000 enfants sont nés en plus de 40 ans !
- Permettez-moi de compléter vos chiffres, cela me semble indispensable. 3 % de césariennes certes avec en regard l’un des taux les plus bas d’Europe de mortalité et morbidité néonatale ! Ajoutez à cela seulement 7 % d’épisiotomies et de déchirures périnéales confondues, alors que par exemple certains hôpitaux d’Alsace atteignaient 90 % d’épisiotomies ! Oui, j’ai créé Montaigne et me suis entouré de toute une équipe de sages-femmes, infirmières, aides-soignantes, dévouées et décidées avec dans l’esprit l’application du label suivant : « Accouchez à Montaigne comme à la maison ! »
 
- Que pensez-vous de l’évolution actuelle de l’obstétrique, des accouchements et des naissances ?
- Je ne me reconnais plus dans cette obstétrique totalement médicalisée, envahie par la technique, complètement déshumanisée, effectuée dans des sortes de supermarchés de la naissance qui ont supplanté les petits hôpitaux et les petites cliniques. Sous prétexte de sécurité, on a inventé des normes avec des protocoles obligatoires qui ont « bloqué » les mamans dans leur lit, avec des systèmes d’investigation, de perfusions, d’enregistrements, doublés souvent (pour des raisons de gestion et d’économies budgétaires, notamment d’« occupation des lits »), de déclenchements intempestifs et de césariennes abusives ! Et je ne m’étends pas sur les hypoxies et les souffrances fœtales dues à des injections médicamenteuses systématiques d’ocytociques synthétiques, ni les taux de mortalité maternelle que l’on risque de voir grimper d’ici peu dans les chiffres officiels.

Toutes les technologies de surveillance augmentent considérablement la peur, l’angoisse des mamans (notamment l’angoisse de la mort, cela a été prouvé scientifiquement) et provoquent ainsi l’accroissement considérable de l’adrénaline, abaissant du même coup la sécrétion de l’ocytocine naturelle : ce qui a pour conséquence de compliquer et de compromettre le déroulement normal de l’accouchement. De plus, et c’est catastrophique, l’abus des péridurales laisse croire encore plus aux mamans qu’elles ne sont pas capables de mettre, par elles-mêmes, leur enfant au monde, ce qui les rend dépendantes de la médecine et des médecins et leur enlève toute autonomie et toute confiance en elles.
 
- Au cours de votre périple, depuis 1951, vous avez côtoyé Fernand Lamaze, Frédéric Leboyer, Michel Odent, Michel Irman, Frans Veldman (haptonomie)… Ils ont leurs principes, quels sont les vôtres ?
- J’ai beaucoup de respect pour les grands esprits que vous venez de me citer, il faudrait d’ailleurs ajouter à cette liste, Bernard This (c’est lui qui m’avait conseillé d’aller me former en haptonomie à Oms (1, note de bas de page), dans les Pyrénées-Orientales, et je lui en sais gré). C’est aussi à Oms que j’ai connu Catherine Dolto, Juliette Planckaert et bien d’autres J’acquiesce d’une manière générale à leurs travaux, cependant j’ai avec eux quelques différences.

Pour moi, les mamans ont tout ce qu’il faut pour accoucher parfaitement et… sans douleur. Ensuite, c’est l’enfant qui naît : il connaît son chemin vers l’air libre… il faut l’accompagner mais surtout pas le perturber par des médications de toutes sortes, par un excès d’intervention, de surveillance, de touchers vaginaux, d’ultra-technologie : c’est lui, en interaction avec sa mère, qui déclenche l’accouchement, et stimule entre autres la maturité de ses poumons, etc.

Certes, il faut tout faire pour favoriser « les retrouvailles de la mère » avec ses racines ancestrales, voire archéologiques, ses réactions primales (salle de naissance simple, comme à la maison, chaleur relativement importante, lumière très douce (presque la pénombre), pas d’odeurs « chimiques » pour bébé et sa mère, etc.).

Mais, justement pour moi, il faut que la mère se sépare de ce que la civilisation a fait peser sur son destin (culpabilisation féminine forcenée à travers la préhistoire des sociétés et l’histoire des femmes… jusqu’à nos jours), erreurs tragiques d’interprétation des « prédictions » des prophètes : le fameux « tu enfanteras dans la douleur » qui a fait tant de mal aux femmes pendant des siècles, les racontars « trois jours et trois nuits à souffrir », « les cinq cordons autour du cou », etc. C’est un véritable complot contre les femmes qui fait que la contraction utérine devient, sans que l’on s’en rende compte, la douleur ! Pour se séparer de tout cela, la femme doit « préparer son accouchement » ; elle ne peut se payer le luxe d’attendre sans rien faire, en « attendant Godot », car la douleur des contractions utérines, vécue dans ce conditionnement social insidieux mais épouvantable, est telle qu’elle ne peut y résister et réclame, on la comprend, la péridurale !

L’outil que l’on peut demander au « cerveau-concentration » (par opposition au « cerveau-émotion ») peut être le souffle, la respiration, un langage qui démystifie, qui refuse les préjugés, qui « déconditionne » : cela permet de contourner la perception de la douleur et d’éviter la péridurale. Ce qui ne nous empêchera pas de faire appel à tout ce qui facilite la naissance dans le registre « instinctif, et primal » : l’eau par exemple. Chez nous, à Montaigne, nombreuses étaient les mamans qui décidaient, elles-mêmes, à un moment de passer un certain temps dans notre grande baignoire, voire même d’y terminer leur accouchement !

En plus « l’écoute » de la maman a pris une grande valeur à Montaigne, car on le sait, la régression joue un rôle fondamental dans la grossesse et l’accouchement : on peut revenir en arrière dans le passé jusqu’à sa propre naissance et ainsi élucider puis rejeter nombre de problèmes encombrants accumulés dans notre enfance : les actes manqués, la maman qui oublie l’heure de son train, son rendez-vous, les lapsus, les gestes incontrôlés ou les mains qui laissent tomber les objets, les rêves, rêveries et cauchemars des femmes enceintes, tout cela bien sûr ne doit pas être négligé… Cette prise en compte de la régression, à côté de notre préparation elle-même, (qui met en valeur l’affectif), marque entre autres notre différence et nous permet d’obtenir les résultats que l’on connaît et… le sourire des mamans en accouchant.
 
- Comment faites-vous pour transmettre votre expérience ?
- Quand j’étais médecin de campagne dans le petit village du Berry de Saint-Denis-de-Jouhet, j’étais sûr que les mamans avaient, en elles-mêmes, tous les moyens pour bien accoucher, parfaitement sans douleur, à condition qu’elles aient confiance en elles, ainsi qu’en leur entourage et qu’elles puissent retrouver, si besoin rapidement, leurs racines. Pour cela, il leur fallait une bonne préparation, un bon accompagnement et un « environnement favorable ». La préparation, nous la faisions le dimanche matin, en regroupant les futures mamans et leurs mères qui sortaient de la messe et leurs maris qui sortaient du bistrot.

Nous avions de nombreux accouchements, souvent en même temps. Parfois, nous n’arrivions dans une famille qu’une heure ou deux, voire plus, après l’appel. Et nous trouvions alors sur place deux ou trois voisines des hameaux environnants qui s’impliquaient dans l’accompagnement de leur amie (c’étaient en fait les premières doulas). Elles avaient, elles-mêmes, peu de temps avant, vécu un accouchement sans douleur préparé avec nous. Tout le village était impliqué : mamans, grands-parents, notables (notaire, pharmacien, vétérinaire et même le curé de la paroisse !). Mieux, dans le village, nous fîmes une « Fête de la naissance et de l’accouchement sans douleur », qui s’est conclue d’ailleurs par un film « Tu n’enfanteras plus dans la douleur ». Ce film me sert toujours à illustrer mes cours. Quand je me suis installé à Châteauroux, j’ai essayé de reproduire cela dans mes préparations et mes accompagnements à la naissance.

Actuellement, j’organise des stages de présentation, de préparation et d’accompagnement à la naissance comme on le faisait à Montaigne et j’y implique tous les partenaires et acteurs de la naissance : confrères, consœurs, sages-femmes, doulas, femmes enceintes, mais aussi naturopathes. J’avais depuis longtemps considéré que les naturopathes connaissaient mieux que quiconque l’hygiène alimentaire, particulièrement pour la femme enceinte. Mes relations fraternelles passées, avec Pierre-Valentin Marchesseau et certains naturopathes actuels de valeur (Alain Rousseau, Daniel Kieffer, Philippe Dargère, Christian Brun, certains membres du Centre de naturopathie rénovée de Rochefort, et d’Euronature) m’ont conforté dans l’idée qu’ils pourraient être fort utiles aux femmes enceintes.

La préparation joue dans l’immédiat un rôle très important pour l’attachement réciproque de la maman et de son bébé et assure pour l’avenir une vraie autonomie de l’enfant en même temps que le développement de sa relation affective et de sa sensibilité… ouverture au développement intellectuel et à l’épanouissement de l’enfant !
 
- Selon vous, quel est le rôle du papa ?
- Dans les temps préhistoriques, l’homme devait assurer la protection de la mère contre les prédateurs ; il doit maintenant faire respecter les souhaits de son épouse, son projet de naissance au sein d’un circuit médical invasif ! Il a aussi le rôle de soutien, d’accompagnateur privilégié de sa compagne, d’un être aimant et discret, qui pourra aider son épouse dans les positions qu’elle sera appelée à prendre. Et puis, il est celui qui apprend à connaître et à bercer son bébé à travers le giron de la mère, qui aura à l’accueillir sur sa main quand il va naître en respectant sa « base », à lui apporter aussi une confirmation existentielle affective, à lui souhaiter la bienvenue, en lui affirmant ainsi qu’il était déjà connu et aimé bien avant d’être né (comme le dit Frans Veldman). Le rôle du père, c’est tout cela et bien autres choses ! Pour un père, la naissance de bébé, c’est aussi un jour inoubliable !
 
- Vous avez beaucoup milité en faveur d’une naissance respectée, avez-vous une idée de ce que sera la naissance demain ?
- Votre question m’intéresse car c’est de cela que nous discuterons justement, à Châteauroux, en septembre prochain, dans un colloque qui sera une suite aux Etats Généraux de la Naissance. Celui-ci rassemblera justement tous les acteurs et partenaires de la naissance et peut-être aussi un certain nombre de politiques et de journalistes pour en extraire quelque chose de concret, pour l’avenir de la naissance. Déjà le Ciane (organisation qui regroupe 80 associations) a amené beaucoup d’espoirs aux usagers en appuyant le « projet de naissance » des mamans et surtout en faisant basculer, favorablement, le rejet des épisiotomies. Tout converge actuellement pour que soit discuté tout ce qui peut améliorer le sort des femmes enceintes, des mamans, des bébés et leur apporter du bonheur. Ce bonheur, on le lit bien dans les sourires des mères de nos films de Montaigne, dont plusieurs ont été sélectionnés pour l’exposition sur la naissance qui se tient actuellement à Paris, au Musée de l’Homme (au Trocadéro) : c’est le reflet du travail de l’équipe de Montaigne et nous en sommes fiers !
 
Propos recueillis par Pierre Desjardins.
  
1. Centre international de recherche et de développement de l’haptonomie, Frans Veldman, Mas del Auro, 66400 Oms. L’haptonomie est la science du toucher affectif, dans le respect total de l’autre. Voir aussi www.haptonomie.org

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Etats Généraux

Suite aux États généraux de la naissance en 2003, le CIANE et les 127 associations d’usagers qu'il représente, a organisé en collaboration avec l’association « Quelle naissance ? - Rencontres de Châteauroux », les ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA NAISSANCE en septembre 2006, à Châteauroux, sur le thème : "Quelle naissance demain ? Quels changements souhaitent les usagers ?" Visitez le site !

Max soutient...

 

Comme le CIANE l'a très bien exprimé lors des États Généraux 2006 à Châteauroux en septembre 2006, l'association "Quelle Naissance - Les rencontres de Châteauroux" et Max Ploquin, apportent leur totale soutien aux revendications des étudiantes sages-femmes et à toutes les sages-femmes qui ont tant de mal à pratiquer leur profession pourtant tellement indispensable au progrès humain. Car le début de la grossesse, son évolution, la naissance, c'est à dire le tout début de la vie, en fait, conditionnent le bon déroulement de la vie de l'être humain... Et dans ce domaine, le rôle des sages-femmes est à la fois fondamental et irremplaçable. Les sages-femmes ont le droit à notre respectueuse considération et à notre reconnaissance. Lire la lettre adressée au ministère de la Santé

Extraits des ses films



Naissance de Sylvain et Olivier selon la méthode de psycho-prophylaxie obstétricale (accouchement sans douleur ou ASD).
Un film de Max Ploquin.

 



Je te connaissais déjà ! Naissance selon l'approche haptonomique de Montaigne. Un film de Max Ploquin.

 

 

La naissance de Manon. Naissance selon l'approche haptonomique de Montaigne. Un film de Max Ploquin.