NAISSANCE ET PREPARATION A LA NAISSANCE
Jusque-là il semblait normal que les femmes souffrent en mettant leur enfant au monde !
NAISSANCE DE L’A.S.D (accouchement sans douleur ou Psychoprophylaxie Obstétricale)…
Lorsqu’en 1952, « l’A.S.D », est né à la Maternité de la polyclinique Pierre Rouquez rue des Bluets à PARIS, que dirigeait le docteur F. Lamaze, un « espoir fou » est apparu pour les mamans : elles allaient pouvoir « contrôler » leur accouchement et faire naître leur bébé sans douleur, par leur propre moyen, sans intervention médicamenteuse, sans anesthésie ! Les travaux des néo-Pavloviens ouvraient la possibilité d’attribuer la Douleur liée, à la Contraction utérine... à un puissant Conditionnement Socioculturel !
Il est à noter que cette notion*s’est enrichie de l’hypothèse selon laquelle ce conditionnement se serait établi sur une vaste et permanente tentative de Culpabilisation Féminine provenant de lointaines étiologies historiques , voire préhistoriques (*le meurtre du père, chef de la tribu, celui des frères entre eux, pour la possession des femmes - ce dont les femmes ont été accusées d’être les instigatrices - qui se seraient déroulés jusqu’à ce que se soit installé le 1er matriarcat el la « société totémique » ayant entraîné une sorte de morale sociale, interdisant l’accouplement de celles et ceux qui portent le même totem, condamnant ainsi l’inceste exogamique, et par là même les massacres des pères et des frères, et permettant alors la croissance des sociétés…) Cette culpabilisation, qui s’est étendue pendant toute l’histoire des hommes sur la terre, continue encore actuellement, sous différentes formes, d’accabler les femmes de notre société : les vieux réflexes ont la vie dure !
(*travail sur les « causes ancestrales des douleurs de l’accouchement » que nous avons présenté au congrès d’Avignon de la PPO les 4 et 5 juin 1971, et devant la Société d’Histoire de la Naissance en 2007)
LA DEMYSTIFICATION de l’interprétation de la fameuse phrase « tu enfanteras dans la douleur » fut faite par PIE XII lui-même le 21 janvier 1961. En fait cette phrase, qui s’est révélée si dangereuse pour les mères, ne faisait qu’allusion à la prophétie qui avait auguré qu’un fils d’esclave causerait de graves ennuis à l’Égypte et à Pharaon (peut-être Aménophis III, père d’Akhnaton, créateur des religions monothéistes). Ce pharaon avait ordonné que tous les fils d’esclaves, nouveau-nés, soient tués dès la naissance ! La phrase dont la teneur primitive serait « tu enfanteras - de fils - dans la douleur », n’aurait fait que commenter les souffrances que cette condamnation des enfants mâles aurait provoqué chez les mères... Mais combien de « douleurs suggestives », de peurs fantasmatiques et d’impacts psychosomatiques nocifs, cette malheureuse interprétation et prétendue Malédiction a t’elle provoqués chez les mères du monde entier, depuis des siècles…
C’EST POURQUOI l’A.S.D constitua un SOULAGEMENT pour les femmes et un réel PROGRES, avec un début difficile, se déroulant sur fond de bataille militante confuse ! C’est à L’ASD que l’on doit, entre autres :
- La pleine participation des pères à la préparation et à la naissance.
- Une reconnaissance de la possibilité pour les femmes d’assumer elles-mêmes leur accouchement (enfin admis en tant qu’acte physiologique), ce qui leur était « dénié » jusque-là !
- Une certaine Autonomie des mères.
Enfin la rupture avec la Terrible Malédiction, pouvait leur ouvrir de nouveaux horizons de pouvoirs et de droits, dans leur vie familiale, culturelle, mais aussi sociale et civique ! Les mamans accouchaient la plupart du temps vraiment sans douleur, à condition que la préparation soit sérieuse et que l’accompagnement global soit bien adapté.
LA PREPARATION DE L’ASD. Cette préparation psycho physique est simple elle consiste en :
a) Une clarification de ce que sont les réflexes conditionnels de la société et de son langage vis-à-vis de l’accouchement (par exemple : les 3 ou 4 jours à souffrir, les 5 cordons autour du cou, les hémorragies etc., racontars à l’origine de tellement de stress chez la femme)
b) La confirmation argumentée du potentiel anatomophysiologique de la mère de pouvoir accoucher par ses propres moyens (très important pour qu’elle retrouve confiance en elle)
c) Et un jeu de réponses adaptées aux contractions utérines, car on ne peut pas rester là, les bras ballants, « en attendant Godeau » pendant l’accouchement !
Ces réponses aux contractions utérines ont pour but d’augmenter : la concentration cérébrale, le tonus cérébral et l’élévation du seuil de sensibilité de la mère ; elles sont simples et naturelles :
1) des réponses respiratoires adaptées aux différentes phases de l’accouchement : respirations profondes, respirations dites soufflantes, respirations accélérées et superficielles, respirations accélérées et comptées.
2) une « éducation neuromusculaire » ou relaxation active et volontaire, qui de plus, aménage des économies d’énergie et d’oxygène au bénéfice de Mr BEBE, et des muscles et organes participant à la naissance (bébé rose sera encore plus rose, disait-on)
Ainsi : Motivation, Activation, Concentration, et Sublimation en sont les principaux éléments.
Il faut prendre toute la mesure de ce que tout cela pouvait représenter à l’époque pour les femmes d’accoucher ainsi, à leur manière, avec leurs propres moyens… mais aussi pour les sages-femmes et les médecins qui les accompagnaient ! Il faut se rappeler que ce ne fut pas facile ; nous fumes fréquemment incompris et même certains d’entre nous (Lamaze et Vellay les premiers) furent poursuivis de manière injuste devant le conseil de l’ordre, mais le progrès finit par s’imposer. Dans ce combat humaniste, le rôle des USAGERS a été fondamental !
L’EVOLUTION DE L’A.S.D : une phase primordiale de cette évolution et d’un progrès notable fut le passage à « la prise de parole des mères, et à leur écoute ». Cette méthode fut améliorée alors dans le fond et dans la forme par les données de la psychopédagogie moderne. (Dans ce domaine l’apport des travaux de psychanalystes comme Bernard THIS analyste Parisien, par exemple fut très important).
Les cours devinrent des entretiens… plus libres - enseignement selon les modes, non directifs, semi directifs, Rodgériens etc. plus ouverts, plus à l’écoute des autres ! - d’autant que tout ce qu’a vécu la maman depuis sa naissance se localise dans son inconscient et peut s’en « échapper » pendant la grossesse avec d’inhabituels comportements : « Je ne sais pas ce qui m’arrive, dit une femme enceinte, j’oublie tout… J’oublie mes rendez-vous avec mon coiffeur, avec ma sage-femme, je me trompe d’horaires et je « loupe » mon bus ». Une autre se plaint de tout laisser « tomber » de ses mains ; je laisse tomber ma fourchette et mes couverts, sans raison, je fais des rêves étonnants, des cauchemars, etc. ».
L’écoute attentive des mères fut alors largement conseillée. Il est vrai que si l’on prend le temps d’écouter parler les femmes enceintes, on peut, sans interpréter, grâce à cette régression physiologique normale de la grossesse, les laisser ainsi « revenir » vers leur passé, jusqu’à leur propre naissance, et leur permettre alors de se débarrasser, d’éléments nocifs (racontars), douloureux, vécus ou fantasmés, très encombrants, gênants pour leur accouchement.
L’A.S.D sortait alors du domaine du strict « Conditionnement socio culturel » pour accepter une explication plus large de la genèse de la douleur de l’accouchement… Les mamans, dans un travail global d’une autre dimension, accouchèrent mieux encore !
FREDERIC LEBOYER et la « Naissance sans violence ». Parallèlement aux recherches intéressantes du Rebirthing, ont fait surface les travaux de LEBOYER avec tout ce que signifie « La Naissance Sans Violence »,le rôle de l’eau, la Naissance dans l’eau, le « Bain d’Amour » de bébé après sa naissance, qui mirent encore d’avantage l’accent sur ce que représente l’enfant, sa valorisation mais aussi la dimension des Liens psychoaffectifs et des Émotions, que ce « Monsieur BEBE, qui devient UNE PERSONNE » peut provoquer ! Dans le sillage de Leboyer, on trouve Michel Odent de Pithiviers, notre Équipe « Montaigne » de Châteauroux qui approuva son orientation vers le respect de l’enfant, (travail pourtant discuté en milieux universitaire), les amis des Lilas et d’autres qui, comme Daniel Lipzcig, ou Jean Marie Cheynier, ont œuvré pour que la « naissance soit une Fête » !
L’HAPTONOMIE créée par FRANS VELDMAN. Mais ce sont surtout les travaux de Frans Veldman, médecin Hollandais (domicilié à Oms, Mas Del Ore, dans les Pyrénées Orientales) qui ont fait naître un formidable espoir. Sur les conseils de Bernard This, je suis allé me former pendant des années à Oms, et toute l’équipe « Montaigne » de Châteauroux a suivi ! C’est là que nous avons rencontré Catherine Dolto, André Soler de Clermont-Ferrand, Jean Claude Sécheresse, Juliette Planckaert d’Orléans, etc. et j’ai alors découvert ce qui manquait à l’ASD : TOUT L’ASPECT AFFECTIF et les moyens de parvenir à cet important échange tactile affectif profond entre bébé, sa mère et son père !
Mais on ne peut parler convenablement de l’haptonomie, définie comme la science de l’affectivité, (et du toucher affectif) : il faut le sentir soi-même ! C’est un peu comme parler d’une initiation sans avoir été soi-même initié ! L’Hapto, qui n’est pas une technique, mais une « manière d’être », qui ne privilégie ni le « faire », ni « l’effectif » mais l’affectif, le « laisser venir ». Je peux vous affirmer que j’ai ressenti quelque chose d’extraordinaire, qui ne peut se transmettre qu’en amenant l’autre à sentir lui même ! Et grâce à la formation en Haptonomie (en Obstétrique et pédiatrie), de l’équipe de Montaigne, (des sages-femmes aux aides-soignantes) les naissances, ont été, sur le plan psychoaffectif et de l’indolorisation nettement « améliorées », de même que nos « résultats » (3% de péridurales, et de césariennes avec, en regard, un des taux les plus bas d’Europe de mortalité et morbidité périnatales, … mais aussi des sourires des mamans, des rires même pendant la naissance ! – il suffit de visionner nos films qui sont passés pendant un an en boucle au musée de l’homme, pour en être convaincu)
« JE TE CONNAISSAIS DEJA AVANT DE T’AVOIR VU » dit Frans Veldman. L’une des choses qui m’ont touché (et encore maintenant) c’est la joie de la maman ressentant son bébé extrêmement tôt (parfois vers 2 mois et demi de grossesse) ! Au fur et à mesure que son système nerveux et ses organes des sens se développent, les parents aiguisent les nuances de leur façon de répondre à leur enfant, à ses appels, ses stimulations, à travers le giron de la maman ; et vice versa, le bébé à son tour répond à sa mère, à son père ! Les parents peuvent « appeler » de la main leur enfant d’un côté ou de l’autre du giron, « jouer » avec lui, lui parler, chanter pour lui etc. Dans cette relation affective intense, par l’intermédiaire d’un « toucher affectif respectueux » bébé développe toutes ses dimensions : organiques, psychoaffectives, psychosensorielles, sensuelles émotionnelles et intellectuelles, dans un bain de Stimulations multiples et de connaissance réciproque.
L’ENFANT CONNAÎT SON CHEMIN et participe pleinement à sa propre naissance ! Remettons les pendules à l’heure : ce n’est ni le médecin ni la sage-femme qui accouche, et pas uniquement la mère. C’est l’enfant qui naît, qui « se fait naître », en suivant le chemin qu’il connaît instinctuellement ! On comprend alors : qu’il peut être guidé affectivement de la MAIN par sa mère et son père ; qu’il ne doit pas être gêné lors de son trajet de naissance par l’intrusion de lourdes technologies et médicalisations. Il importe donc d’éviter (sauf nécessité absolue) :
- la mise en place, par exemple, de perfusions d’ocytociques artificiels (qui d’ailleurs bloquent la sécrétion de l’ocytocine naturelle indispensable à de multiples phases de la naissance et de l’allaitement !)
- les fâcheuses versions par manœuvres externes du bébé « en siège » (il ne peut plus reconnaître son chemin)
- et toute intrusion qui pourrait troubler le cours de la physiologie de la naissance, et créer un obstacle à l’action propre de la descente, et des rotations de l’enfant !
Alors vont se succéder : les rencontres avec bébé par le « toucher affectif », les berceuses, le « recentrage du bassin » et celui de bébé dans le giron maternel, (qui de plus corrige certaines cambrures exagérées du bassin maternel), les « ouvertures » sur les genoux du papa etc. jusqu’au moment où bébé va naître.
Bébé : futur « Marche Debout ». QUEL FABULEUX DESTIN pour ce bébé, accueilli dès sa naissance, la main de son papa placée sous sa base, (en fait sous le bassin, jonction entre la colonne vertébrale et les membres inférieurs) lui offrant une « sécurité de base», assurant le 1er croisement du regard avec sa mère, qui le reçoit sur son sein. Cet enfant, dès qu’il est né, reçoit la confirmation affective existentielle selon laquelle il est le « bien venu », le « bien né », attendu et aimé depuis longtemps par sa mère, et son père, et qu’il a l’assurance que ce nouveau monde ne lui est pas hostile, qu’il n’a pas à le craindre ni à s’en protéger ! Il est bien le petit fils lointain de CRAO et de RAHAN, un « MARCHE DEBOUT » dont il faudra toujours respecter la « sécurité de base », quand on le porte, comme l’a fait la main paternelle dès la naissance, (jusqu’à ce que le développement complet de ses fibres à myéline lui permettent de marcher) qui lui a permis de redresser sa colonne vertébrale, de relever sa tête, d’écarter les bras, de les ouvrir au monde, allant déjà à la découverte des autres. C’est ainsi qu’il prépare son Autonomie !
QUEL AVENIR POUR LA NAISSANCE ? L’obstétrique actuelle vit un schéma général très éloigné souvent de ce que souhaiteraient de nombreuses mamans ; je regrette simplement qu’elles n’aient pas la liberté de faire un autre choix : c’est vraiment dommage ! Dommage, par exemple, qu’elles soient le plus souvent obligées d’accoucher allongées sur le dos selon le modèle que le Dr Mauriceau avait introduit vers 1700, inadapté au déroulement physiologique de l’accouchement, alors que - et Moyses Paciornik, gynécologue brésilien l’a parfaitement démontré -, la position accroupie, parce que nous sommes des humains, des bipèdes soumis à la pesanteur, est la position la plus naturelle pour accoucher. Elle permet de bien meilleures « ouvertures du bassin, du giron, et du périnée », protégeant, de plus, ce dernier. Il constate dans son livre « Accoucher Accroupi » que : « Les médecins ont fini par trouver naturel de compliquer ainsi l’acte naturel et physiologique de la naissance » !
MES SOUHAITS : Que se développent en France des lieux d’accouchement physiologique, où les femmes enceintes puissent échapper au modèle actuel de l’Obstétrique fait de déclenchements, de péridurales systématiques, avec leur cortège d’atonies utérines, forceps, césariennes et autres réanimations, et qui laisse supposer que les mères ne peuvent accoucher naturellement, à leur manière et avec leurs propres moyens !
Que s’ouvrent de vraies Maisons de Naissance, à distance des maternités ! Que les sages-femmes puissent accompagner les mamans, dans les « pôles physiologiques » et les « plateaux techniques » des maternités. Mais aussi que les mères puissent accoucher à domicile (AAD), lieu où elles peuvent le mieux retrouver les réflexes instinctuels, (si besoin avec le bain), le puissant réflexe primal d’envie de pousser et de mettre son bébé au monde, (l’AAD n’est pas plus dangereux que l’accouchement à l’hôpital !)
Qu’enfin soit reconnue l’importance d’un saine Hygiène alimentaire, pendant la grossesse et bien avant ! (dans ce domaine fondamental, les obstétriciens auraient beaucoup à apprendre des naturopathes).
C’est aussi pour cela qu’il serait souhaitable que les femmes enceintes puissent avoir accès à des Préparations à la Naissance efficaces. Nous, nous avons privilégié l’Haptonomie (son association au chant prénatal est intéressante), et en cas de grosses difficultés nous conseillons le recours à l’ASD et au « derviche balanceur » (moyens de retrouver ses réflexes instinctuels). Mais nombreuses sont les formules, que nous ne pouvons toutes citer ici : Rebirth, Yoga, Hypno analgésie, Sophrologie, Préparation aquatique, Chant prénatal, ASD, Haptonomie etc.). Les femmes enceintes devraient pouvoir choisir, c’est cela qui est important, la préparation à la naissance qu’elles ressentent comme susceptible de les rendre vraiment autonomes.
C’est ce que nous avons entrepris à Châteauroux avec l’association « Quelle Naissance ? Les Rencontres de Châteauroux » lors de Stages présentant le travail de l’Équipe Montaigne.